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Rêve de Reg


"Enfin arrivé au sommet de cette satanée falaise.

Le SRV est toujours intact. Les petits bruits persistent. Le détecteur fonctionne encore parfaitement. Me voilà rassuré.

Je me hisse sur le plateau, assez facilement d'ailleurs. D'un coup d'accélérateur, dans un nuage de poussière je m'écarte, à l'opposé du redoutable précipice. Mon vaisseau est toujours bloqué dans la faille, cinq mille mètres plus bas.

Pour le moment tout se passe plutôt bien. Je suis confiant, il y a visiblement une petite étoile quelque part qui est bonne avec moi, et j'ai bien l'intention d'en profiter.

Je fais route tout droit à présent, vers la source des signaux. Devant moi s'étend un reg tout orange, à perte de vue, criblé de petits points jaunâtres aux reflets vert clair, cru, comme l'avait été un jour, Hans me l'avait dit, celui des petites feuilles tendres, naissantes au printemps, dans des arbres sur Terre, dans Sol. Je me le rappelle oui, c'était bien ce vert, la description passionnée du Maître m'avait marquée à l'époque, lors de l'un de ses premiers soirs de grande "soulographie", peu après que Rosa avait disparu.

En effet, sans elle, Hans s'était rapidement mis à boire et se droguait abondamment. Des périodes d'hystérie s'étaient installées inévitablement, progressivement dans la vie de Hans, et certains soirs, aporie existentielle s'il en est, pour s'accrocher à sa propre vie, il s'acharnait à la détruire. C'était stupide nous le savions, mais il était si puissant. Nous nous taisions et le laissions s'abandonner ainsi fréquemment, pour parler d'Amour, des arbres, de l'eau des fleurs et des animaux et du vent, des parfums des hommes des femmes et des mers et des fleuves et des océans, de la couleur, de l'espace des courants et de musiques et de... Rosa... Encore... Rosa, encore et toujours: Rosa... Nous aimions tous ses discours; nous le laissions parler, nous étions complices de ses démons... Et nous aimions aussi Rosa.


... "plus que quelques mètres avant le minerais, le signal est de plus en plus intense. Malheureusement je suis stoppé par un fossé trop large pour mes propulseurs, et un talus trop abrupte de l'autre côté m'empêcherait encore de progresser; je dois donc contourner tout ça.

Je longe l'obstacle... Mes pensées vagabondent encore... Hans, Rosa, les Océans, ma mère disparue, la Patagonie, Sol, la griffe, Magellan, Reamy Dock"...


... Il lui fallait s'enivrer et quelqu'un pour l'écouter. Avant chaque crise, Hans m'appelait à la passerelle, s'assurant que le changement de poste et le passage de consignes entre les équipages avait été bien effectué, pour être plus tranquille, et permettre ainsi, autoriser mon absence à la timonerie. Je comprenais à chaque fois, au timbre de sa voix, ce qui se tramait. Je ne me trompais jamais. Soit il me demandait de le rejoindre directement dans ses quartiers, soit nous nous retrouvions à la cambuse. Le plus souvent le bosco nous ouvrait l'accès à nos réserves. Il avait pour consigne de nous enfermer là et d'éviter les dérangements. Une fois à l'intérieur, Hans saisissait alors deux verres dans une petite armoire de dissimulée sous des sacs de café et de riz, ou sous des caisses de fruits, puis extirpait une ou deux bouteilles du fond des étagères, brisait violemment les goulots, versait à flot à ras bord et commençait à parler. Il me racontait toutes ses aventures, seul public que j'étais, au théâtre de ses états d'âme. Pour le décor aussi il préférait la cambuse: non seulement la boisson était à portée, mais aussi et surtout, il aimait se retrouver dans cette nébuleuse olfactive d'effluves exotiques, de senteurs d'agrumes, de légumes et d'épices où, trois fois par poste, de la cuisine, des odeurs délicieuses déjouaient tous les obstacles, avant le repas des équipes, pour venir envahir notre bouiboui et participer à l'ivresse du binôme... Ainsi paré, adossé, accroupi contre la paroi de la pièce la plus encombrée du vaisseau, Hans racontait ce qu'il voulait. Il évoquait, il récitait aussi, il inventait parfois, il imaginait des histoires, il exposait, il démontrait pendant des heures, il dissertait, il présentait des stratégies aussi , évoquait des plans, il parlait, parlait, et j'écoutais, j'écoutais et j'apprenais. Je buvais peu en fait. Au cas où... Je buvais seulement ses paroles et m'enivrais de ses récits; et pendant ce temps, le vaisseau traversait des douzaines de systèmes, caressait des centaines d'étoiles, avec lui nous évitions des nuées de pirates, répondions à des dizaines d'alertes, recueillions des rescapés, l'équipe seule manœuvrait toutes sortes d'appontages délicats, les stations se succédaient, nous glissions entre des planètes ou des météores, l'appareil déambulait au centre d'anneaux plus ou moins riches en métaux, nous passions des zones de guerre, devant nous des étoiles naissaient et d'autres s'éteignaient, des guerres se déclaraient, des paix étaient signées, avant ou après notre passage, des mondes disparaissaient, d'autres naissaient à la proue, à la poupe... On n'était nulle part dans l'infini, en révolution permanente. Seul Hans savait toujours où était ce nulle part. C'est ce que personne ne comprenait... on n'était jamais perdu...

C'était de l'ivresse certes, ces soirs-là, peut être un peu mélancolique, mais jamais triste; surtout une transe pleine de poésie, avec son lot de paraboles géniales et d'allégories sublimes bien sûr, puisque Hans ne pouvait pas faire autrement... Pauvre Hans. Je ne l'oublierai jamais. Ni lui ni Rosa... Je la lui ramènerai. J'ai promis.


A la fin de chacune de ses crises, fidèle et aux ordres, j'attendais chaque fois que la blessure fut presque aussi vide que les bouteilles qu'il serrait dans ses poings et qu'il fut endormi, plus ou moins apaisé, m'assurnt que tout était en ordre avant de le quitter et rejoindre mon timonier....


...Mais pour l'heure, point de chlorophylle, de feuilles d'arbre, d'Océans ou de petits oiseaux. Il s'agit d'un désert de pierres sous mes yeux, lavé de toute poussière et sans vie: apparemment. Si certains de ses rochers colorés comme des bombons, érodés et lisses, font des gisants plutôt avenants, contre les courbes lascives de toutes petites collines paresseuses, d'autres au contraire demeurent comme des éperons hostiles posés sur le sol dénudé, aux arrêtes menaçantes, des sortes de lames tranchantes qu'on aurait pointé là, vers le Cosmos juste pour défier la mort. Du reste, de l'autre côté du talus j'aperçois de nouveau les vertèbres calciques de mes monstres imaginaires du début qui se dessinent contre un fond de jais mortifère au bout du regard, ces chaînes de montagnes que je prenais à l'atterrissage pour des fragments de colonnes vertébrales de quelques monstres antiques: Godzilla, Kraken, ou Gorgone gigantesques fossilisées. Près de moi, sur le côté droit du scarabée, luit un bout de calcédoine sans doute, sorte de rocher miroir, comme une immense agate, striée d'orange de rose et de blanc, avec de petites lignes beiges toutes parallèles sur lesquelles se reflètent quelques rayons du cœur de ce système morbide; il s'agit sans doute d'onyx, poli par d'impitoyables vents stellaires, éternels et implacables révoltés du Cosmos.

De toute évidence de grands bouleversements s'étaient produits par ici. Des vents violents, la chaleur, une grave révolte on sait, mais inconnue et des vagues de chaos, au cour de siècles d'hommes, avaient achevé, du temps où il ne pouvait pas encore y avoir d'énigmes, de produire ce paysage paradoxal qui fige l'infini dans un instantané plus fantomatique que spectroscopique, où mon regard et mes pensées s'abandonnent.

Soudain, un sifflement supplémentaire, douçâtre, cotonneux, un peu étouffé, vient lécher mes tympans, à chaque passage du scan, à deux heures devant moi, s'ajoutant ainsi au concert des balbutiements de batraciens provoqués par les quelques effleurements repérés plus tôt lors de mon escalade.

Tiens donc?...

Et en effet là bas, un point noir, et de la fumée, au milieu des petits points verts or et blancs qui piquent un peu les yeux sur le sol schisteux... De la fumée?!... J'y crois pas! Je n'y comprends plus rien.... Oh!?...

Un SRV carbonisé! Des containers dispersés autour d'une épave. Je m'approche doucement. On peut lire le numéro de série du module. Je l'enregistre, on ne sait jamais. J'ai peur de découvrir le corps calciné d'un commander, un gisant que la mort et le feu auront crispé dans une horrible posture, figé au milieu des débris, ici, nulle part. Mais non, il n'y a rien d'autre que ces grosses longues boites octogonales. Je pourrais les récupérer certes, mais ma priorité ce sont les matériaux et le nickel, les effleurements détectés un peu avant. Et puis je dois aussi économiser du carburant pour le retour.

Je laisse donc l'épave et ses trésors, et me rends vers cette veine de minerais, une dizaine de mètres devant le véhicule, et enfin accessible. Je stoppe pour reprendre un peu mes esprits. Je dois me concentrer uniquement sur l'objectif: le nickel.


... Voilà! J'ai laissé le fer et le phosphore, gardé seulement le nickel nécessaire aux réparations du M.A.E... Encore une fois, décidément, j'ai eu beaucoup de chance de trouver ce filon dès le premier minage.

Et maintenant: demi tour! Je retourne vers la crevasse et le vaisseau.

Je repasse devant les lieux du drame découvert un peu plus tôt, je laisse derrière moi la carcasse calcinée du scarabée inconnu et ses précieuses marchandises. Malgré la paix qui règne sur l'endroit, je reste sur mes gardes car le drame est et il se pourrait bien qu'il y ait encore des pirates par ici. Mieux valait ne rien emporter sur le vaisseau. Vu l'tat de l'engin, même si je redécollais, je ne résisterais pas longtemps à une attaque de ces rapaces.

Ce qui m'intrigue c'est la disparition du commandant? l'absence de corps... Même brûlé aux commandes, j'aurais trouvé des traces non?... Etrange...


Voilà la crevasse. Avec prudence, j'entame la redescente, plus difficile, le long de la falaise de pyrite et d'argent. C'est très dangereux.

Je peux basculer dans le vide à tout moment...


Oh!.... Ca tourne?... Drôle de falaise?

On dirait un hologramme, couleur Sépia... Mais c'est un vaisseau!? Et une énorme bouche carrée est en train d'essayer de l'avaler!... Le SRV dérape. Je tombe! Oh!... J'expire à fond, puis je prends une profonde inspiration, je me relâche à nouveau, me recroqueville menton contre poitrine, je m'installe en position de sécurité pour la réception 5000m plus bas!... Et... Mais c'est quoi ce fauteuil qui flotte dans la crevasse? Et cette drôle de lumière?... Le parois sont bleues? Je m'évanouis.


Y a quelqu'un... Y a quelqu'un?!... Mais!?...?!!!... Mais!?........... Où suis-je?!.............. Que se passe-t-il?!...

Le visage d'une femme?... Mais je délire?....


- Allons, allons!.... Calmez vous!... Thé ou café?....


Je suis allongé sur un lit.

Oh!... J'ai mal partout. J'essaie de me redresser: impossible. Une voix, une femme là-bas, près d'un appareil. Un tableau représentant un vaisseau en vol, dans les tons sépia, un vieux poster peut-être, entouré d'un cadre doré, est accroché au mur. Mon casque et ma combinaison gisent sur le sol. Presque tout est bleu dans la pièce. Ma vision est trouble. Le vaisseau ressemble au mien. Peut-être un ASP?...


- Où suis-je?!....

- Je disais : thé ou café?

- Qui êtes vous?

- Ecoutez moi bien mon garçon, si vous répondez à mes questions par d'autres questions, on ne va pas s'en sortir! Alors? Thé ou café?...

- Thé?...

- Et ben voilà... Vous voyez, c'est simple... On avance.

Quand ces types vous ont amené ici inconscient, j'ai demandé où ils vous avaient trouvé. Impossible d'avoir une réponse cohérente. Ce qui m'a le plus intrigué c'est l'état de votre capsule de survie: brisée en deux.

Et puis j'ai vérifié, vu que je connais pas mal de monde, votre tête me disait tout de même quelque chose. J'ai cherché dans mes fichiers, et il se trouve que, parait-il, je vous ai à la bonne mon garçon.

- On se connait?!...

- Non seulement on se connait, mais en plus on a fait affaires plusieurs fois ensemble ces dernières semaines?...

- Ah bon?!...

...

...

- Felicity Farseer! Oh!... Que me vaut!?..............

- Ah! C'est pas trop tôt!...

Vous êtes dans Deciat mcher ami, et on n'a rien trouvé de mieux que de vous déposer ici, Dans mes labos!...

Des types un peu bizarres, deux vieux contrebandiers, presque des ancêtres, qui faisaient presque pitié, ont réussi à embobiner mes robots et se sont introduits dans ces quartiers avec votre capsule de survie. Ils vous auraient retrouvé dans la fameuse capsule dans un système loin d'ici, au pied d'une montagne hideuse, dans des dunes de sable, parmi les débris éparpillés de votre ASP désintégré. Rien à voir avec l'histoire presque délirante de crevasse et de sortie en SRV que vous avez racontée à mon robot médical. Mais, et je le crois volontiers, car il connait son boulot, il est aussi psychiatre, il m'assure que vous avez vraiment vécu cette aventure avec votre Scarabée, il me l'a racontée brièvement d'ailleurs. Alors je vous crois oui.

Vous vous en étiez pourtant bien sorti cette fois-là je dois dire. Le plus remarquable de cette fortune,, c'est cette chute de plus 5000 mètres dont vous sortez indemne; une gravité de 0.1G certes, mais des vents stellaires importants, la fosse pleine de tourbillons, l'appareil qui aurait rebondit contre la paroi tout au long de sa chute, et pourtant tenez vous bien, votre scarabée a finalement atterri, avec une chance insolente je dois dire, sur un minuscule amas composé de poussière et d'autres matériaux inconnus, comme de la soie, des filaments mystérieux, disent vos souvenirs... un matelas moelleux de matériaux "hyperlaxes" coincés entre deux roches, qui ont amorti votre chute vertigineuse. veinard!

Puis vous auriez rejoint votre vaisseau, m'a dit le médecin; vous auriez alimenté le M.A.E. et réparé les modules nécessaires au décollage vous permettant enfin de vous extirper dare-dare de la faille, fuyant à tire-d'aile sans vous retourner, le maudit système qui vous retenait prisonnier depuis si longtemps.


- Ah bon?!...


- C'est après que ça se gâte...

La fatigue peut-être, c'est ce que pense mon collègue "psycho-mécano-médico" à roulettes, moi je pense autre chose: vous atterrissez plus tard dans un système tout proche, sur des dunes, aux pieds d'une montagne hideuse, selon vos souvenirs. Les deux vieux contrebandiers l'ont confirmé, le lieu est sinistre. A ce moment là vous êtes épuisé donc, par vos efforts récents, et vous voulez vous reposer, manger un morceau et dormir. Mais avant le repas, vous voulez mettre à jour vos matrices de modules, tout heureux, comme un gamin, de voir le M.A.E. re fonctionner. Et là vous faites une "fausse manip'" qui lance la procédure d'autodestruction de votre appareil et... Boum!

C'est euh... disons... assez Ballot.

Alors surtout, ne vous vexez pas commander mais, si par hasard dans votre esprit un peu dérangé de kamikaze explorateur, de vagabond convalescent dirais-je , venait à germer l'éventuelle idée de m'inviter au restaurant dans une station voisine, après cette discussion, pour me remercier de m'être occupée de vous si généreusement... Or donc, commander King, si une telle idée vous venait à l'esprit, si toutefois vous en avez un, sachez que, mon garçon, comme je tiens à la vie et que, malgré mon grand âge, j'ai encore beaucoup de projets, je serai obligée de décliner votre invitation, vous m'en voyez navrée...

D'ailleurs je vous conseille aussi de vous habituer à pratiquer le jeûne, pour votre propre sécurité d'abord, et puis pour celle de vos éventuels convives, mais aussi et surtout parce que c'est très bon pour la santé, de temps en temps... et ça ne vous fera pas de mal... A ce que je vois... Hmmm... "


- Ah bon?!...

- Vous ne savez dire que ça?!... "Ah bon?!"......

Eh ben!...


Je souriais un brin gêné... Je croisais son regard enfin, il y avait plein d'étoiles au fond de ses yeux clairs évidemment, certaines qu'aucun humain n'avait encore jamais vues, sauf elle; je notais qu'elle avait envie de sourire un peu tout de même, voire de rire, tellement mon accident était ridicule et ma chance inouïe.

Elle me tendit le mug plein de thé bouillant, s'assit près de moi, et nous bûmes ensemble, en discutant FSD, moteurs, quantique, chimie, et un peu géologie aussi. Elle aimait les volcans. Elle me demanda si j'avais du gallium, ou si je savais où s'en procurer. C'était pour de vieux supra conducteurs qu'elle transformait en ... Enfin.. En un outil étonnant, très utile disait-elle , pour récupérer des données corrompues en hyper espace...

Elle voyait bien que je m'intéressais aux cailloux, et ça lui plaisait... Ses pierres préférées étaient le Béryl, la Pyrite et les agates justement; elle me décrivit l' extraordinaire collection d'opales offerte par son père... Je lui parlais un peu de Hans et de Rosa, de ma quête; mon histoire lui plut un peu je crois.


- Aimer la caillasse?!... Difficile de faire autrement!?...


Elle soupira...


- Oui je sais bien. Mais ne vous inquiétez pas, un jour...

En tous cas je peux vous dire que rares sont les types qui ont pu passer plus d'une journée d'affilée ici commander Cooler King!... Vous avez une sacrée veine!


Comme par réflexe, je vérifiais si je portais toujours mon collier...Ouf! il est là!... J'y tiens tellement!... Felicity remarqua mon geste.


- C'est votre porte bonheur? Comme un grigri, un talisman c'est ça?

- Oui un peu. Il appartenait à ma mère.

- Il vous porte chance en effet. Ça a l''air précieux.?

- Oui.

- Figurez-vous que lorsque vous êtes arrivé avec ces brigands, vous ne le portiez pas.

- Ah bon?!......

- Ooooooh!....

- Pardon.

- Non!

Un de ces deux types, les deux momies contrebandières, l'avait trouvé dans la double cloison, alors qu'il essayait de récupérer ce qu'il pouvait des composants de votre capsule. J'ai assisté à la scène: en voyant le collier, au premier coup d'œil on apprécie sa beauté, sa rareté, la qualité des pierres et des métaux, le travail de l'orfèvre, on voit que c'est un bijou très précieux, d'une très grande valeur. Pour des contrebandiers, c'est une sacrée économie de centaines d'heures de vol... Voire plus.

Vous étiez encore dans le comas et on n'était pas sûrs de pouvoir vous sauver. Au lieu de le fourrer dans sa besace, à ma grande surprise, il s'est approché de vous, il s'est penché sur votre paillasse, et l'a enfilé délicatement autour de votre cou. Je n'en croyais pas mes yeux.

Des types étranges en fait. Celui-là ne pouvait pas dire deux phrases sans s'interrompre et énoncer des suites de chiffres ou des formules mathématiques. Quant à l'autre, il avait un accent à couper au couteau, et tout ce qu'il disait était incompréhensible!... Quelle équipe ces deux papis!

Et puis on a dû vous changer de bloc... Je vous aurais bien laissé là moi, avec tous vos os, je n'ai pas le temps moi vous savez: si je devais m'occuper de tous les zinzins qui passent par ici!?....

- Je comprends...

- non, vous ne comprenez pas, Cooler! Mais peu importe.

- Ah b...

-Comment?!...

- Non rien...

- Et c'est ce type! Le neuneu aux suites arithmétiques! Il est passé devant cet hologramme là... Vous voyez, la plateforme bleue et jaune, au dessus des vagues?!...

- Oui?!...

- mon père y avait fait ses classes et appris de grandes choses sur la géologie et la géophysique, alors qu'il travaillait pour une grosse société minière... entre autre... Elle est énorme cette plateforme non?!

- Oh oui, mais c'est ?!...

- Voilà! Personne ne savait à part mon père, le nom de cette installation ni même où elle se trouvait lorsque l'hologramme fut réalisé. Et le vieux, le plus grand des deux, me dit : "tiens on dirait l' île des Pétrels... 300+12/21 racine de 2... C'est pas en Antarctique ?! 258 divisé par 2,015625?... dans les années 3239 ou 40?... 50U+V exp122 f(x+e')xn/6..... ".

Il me saoulait, mais je suis restée sans voix. Ce vieux bonhomme tout sec, devant moi, était passé là-bas, et avait même travaillé avec mon père!....

C'est ce qui vous a sauvé commander et, finalement, on vous a très bien réparé vous verrez . on fait des miracles ici.

J'étais si heureuse de parler de mon père à ces deux vieux et de découvrir un peu mieux son univers avant tout ça!....

Malgré tous les crimes qu'ils avaient commis dans leur existence, avec l'âge peut-être, ces deux vieux avaient montré beaucoup d'humanité en vous ramenant ici, plutôt que de vous revendre par petits bouts, ou comme esclave.

-Oui plutôt... C'est le médaillon sans doute qui me protège.

-Peut-être?...

-Où sont-ils?...

- Oh! Ils sont partis sitôt qu'ils ont su que vous étiez sauvé; C'est dommage. Je les aurai bien gardé encore un peu, car Ils étaient sympathiques et amusants finalement. Ils se disputaient sans cesse, mais de toute évidence ils tenaient l'un à l'autre. Leurs disputes étaient un spectacle désopilant!

- Ah bon?!....

- Oh oui Cooler!.... Imaginez le spectacle de ces deux vieux: le grand tout maigre, filiforme et tout pâle, la tête toute plate et les cheveux hirsutes gesticulait dans tous les sens, comme un pantin, tentant de convaincre l'autre, tout petit celui-là, aussi large que haut qu'on aurait dit un cube surmonté d'une tête toute ronde et chauve, le visage basané, et qui, lui, sautait partout et hurlait dans un langage incompréhensible, contrarié qu'il était, apparemment, par le discours de son complice, margotin antique au corps presque diaphane....


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